Atelier d’écriture 25 avec Agnès

Le style. Montrer un ressenti, des sentiments, des émotions.

Point de vue extérieur ; X est amoureux

Dès qu’il aperçut Chloé, le sang d’Isaan se rua dans ses veines et sa couleur infusa dans ses joues. La verticale ne lui était soudain plus si évidente et il vacillait sur ses jambes. Il lissa sa veste et se redressa, resserra les jambes et parut plus grand. Ses mains s’agitaient frénétiquement, son corps dans son entier était parcouru de soubresauts, ses lèvres n’était pas en reste, s’ouvrant et se fermant alternativement. Bientôt, même ses jambes se joignirent au mouvement, et le portèrent vers le buffet, en zigzag. Son regard restait immanquablement fixe,  hameçonné par la silhouette de la jeune femme.

Bride Stories, un joli rebondissement

imageÀ ma très grande surprise le tome 3 de bride store passe très bien. Il abandonne pourquoi totalement et définitivement le personnage phare des deux premiers volumes, pour suivre un personnage que l’on aurait pu croire secondaire.

Certains éléments doivent aider à cette transition : un des personnages clefs des premiers tomes revient temporairement (le mari), et surtout le thème de l’histoire reste vraiment cohérent : description de la vie quotidienne de… euh… Mongols ? Bref, description de cette culture si riche.

L’auteur a bien géré la chose, je pense. Son personnage de femme des deux premiers tomes était extrêmement fort et attachant, plus le temps aurait passé plus la série se serait identifiée à lui.

J’ai également soudain compris le titre du manga, qui semble devoir enchaîner les histoires de mariages. Un thème qui ne m’attire pas au premier abord, et pourtant, je trépigne d’impatience de lire le quatrième tome !

La fin ne justifie pas les histoires

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Cette chanson de Danny Wiessner sonne très bien à mes oreilles, et pas seulement d’un point de vue musical, ni même graphique. C’est l’idée exprimée est très pertinente : « nous, gamers, ne jouons pas aux jeux dans le but d’en voir la fin, mais pour ce que nous retirons de chaque moment de jeu. » En vérité, cela n’est pas seulement vrai pour le jeu vidéo, mais pour toutes les narrations.

  • La fin ne justifie pas les histoires !

Pourquoi révéler la fin d’un film n’en gache-t-il pas intégralement l’intérêt ? Certaines histoires sont tournées de façon à nous surprendre à la fin, et dans ce cas raconter la fin à un ami est plutôt mal vu. Mais dans l’immense majorité des cas, nous savons déjà comment finissent nos livres/films ou autres histoires : le monde est sauvé, ils s’aiment, ect…

En vérité, c’est de vivre ces histoires qui est important. La chanson le dit très bien. C’est de ressentir la peur, la joie, l’excitation de ce périple. Parfois nous partageons  les émotions des personnages de l’histoire, parfois ce sont des émotions qui n’appartiennent qu’au narré de l’histoire.

(Le narré étant celui qui recoit la narration, qu’il soit lecteur, joueur ou spectateur. Par exemple, la fierté de voir un personnage s’élever. Dans un jeu, beaucoup plus d’émotions sont vécues uniquement par le narré, par rapport à un film.)

Il n’est pas, à mes yeux, très important de révéler la fin d’une histoire. Un bon film ou un bon livre ne trouve pas son intérêt dans les quelques secondes de sa fin : il est profitable tout du long. Et si nous aimons les histoires, c’est parce qu’elles nous apportent cette richesse.

Voilà ce que signifie, pour moi, cette chanson pour gamer, créé pour une émission d’IGN !

  • Conséquences pour les histoires

Ceci s’applique en créant de l’émotion et en intégrant du vécu dans les histoires. En chaque point. Pas seulement en créant un fil à dérouler, une succession dont le but est d’arriver à la fin. Une bonne histoire, peut (presque) se prendre en n’importe quel point et se faire apprécier. Même sans regarder pas jusqu’au bout, on en aura retiré quelque chose. Du vécu humain, ou de l’émotion.

C’est pour cette raison, à mon humble avis, que beaucoup de livres saisissants ont des fins décevantes, que l’on perçoit comme incomplète : la fin n’est pas une fin en soi, dans une histoire. L’auteur l’a donc traitée en dernier, et peut-être parfois un peu bâclée.

Ou, comme le dit la chanson :

At the end of it all, gamers play what we play, not for game over, but rather for what we take away ! The world is saved, but who cares ? We both know that that’s not what you came for. 

(Pour plus à ce sujet, j’avais écrit un article un peu plus détaillé nommé : Le but de la narration, abstract.)

P.S. À mon avis, le clip fait fortement penser à Shadow Of The Colosseus, un jeu qui a tout à fait les épaules pour supporter ce discours, étant à la fois poétique, grandiose et jouissif.

Pourquoi des superpuissances dans les histoires ?

Que ce soit dans Dragon Ball ou Superman, la superpuissance est un thème récurrent de la fiction. Je me demande quel est son intérêt ?

  • Tout d’abord, je vois un côté « je suis une superpuissance ». C’est l’aspect le moins intéressant : découvrir quels sont les problèmes psychologiques de la puissance. Typiquement, que faire de son pouvoir ? C’est le credo du film récent Chronicle. Mais il ne métaphorise dans la réalité que des problèmes d’entrepreneurs et de chef de service. Ceci dit, dans notre société emplie de pyramides hiérarchiques, la population concernée n’est pasimage
  • Second aspect : « comment gérer une personne superpuissante ? » Comment interagir avec elle humainement ? Comment s’accommoder de son contrôle ? Presque tout le monde a des supérieurs, donc il s’agit d’une question universelle. 
  • Plus encore sur ce second aspect : des choses dont la force dépasse largement la notre, nous en croisons tous les jours ! La société nous impose des carcans, la nature nous inflige ses lois, j’en passe et des meilleures. Ce sont des superpuissances contre lesquelles nous luttons  et avec lesquelles nous devons apprendre à vivre. Les superpuissances incarnées dans des personnages en sont des métaphores puissantes.

De façon générale, renforcer la puissance d’un personnage au-delà du commun, voire au-delà du naturel, est une façon de parler des problèmes que nous rencontrons dans nos vies, et de la force qu’il faut déployer pour les surmonter. 

Je ne connais pas de livres ou de films exploitant intelligemment ce deuxième aspect, mais il doit sans doute en exister. En tout cas, j’aimerai réussir à en écrire un, un jour.

Entendu chez une grande chaîne

…de nombreuses clientes qui sont un peu premium, qui sont à l’aise. Elles achètent ; elles ne sont pas aperçu qu’elles allaient avoir 10 % de réduction, et puis elles se sont servies parce qu’elles ont leur habitudes. C’est un peu dommage. C’est peut-être une minorité, mais je me dis qu’à chaque fois, c’est un peu frustrant quand l’on est en caisse : on se dit que ces 10%, là ils auraient pu rester dans le tiroir-caisse.

Le technique Farscape, ou l’utilisation des insultes extratrerrestres

Le technique Farscape : utiliser des mots non-traduits, voire non-traduisibles, pour montrer l’exotisme.

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Dans cette série, les extraterrestres et les humains utilisent des « microbes traducteurs » pour que chacun comprenne la variété de langages utilisés. Tout est donc parlé en français.

Mais ils continuent de dire certains mots dans les langues inconnues. Ce sont surtout les grossièretés : des injures, des parties du corps à connotations sexuelles.

Cela permet aussi aux personnages de jurer très grossièrement sans jamais être choquants. Cela donne également une identité très forte à la série. Démonstration :

« Frell! Cette dren me broie les Mivonks ! »

Petit lexique farscape-anglais :

Dren : Crap

Frell : Fuck

Hezmata : Hell

Mivonks : Testicles

Yotz : Hell

Farscape ou le génie scénaristique

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C’est quoi un coup de génie de scénariste ? Farscape en contient plusieurs exemples à mon avis. Exemple avec l’utilisation brillante d’une possibilité toujours écartée par ailleurs :

Par exemple, saison 3 épi 6 et 7, ils utilisent un phénomène classique en SF, le dédoublement de personnages. Banal : les deux se ressemblent, se disputent, ect…

Sauf que dans Farscape le double ne meurt pas ! Dans ces scénars les doubles meurent toujours, car gérer deux fois le personnage tuerait toute l’intrigue autour de lui !

Les scénaristes de Farscape, eux, osent et en font tout bonnement un élément majeur de la saison, géré avec brio à mon avis. Les deux Crichton permettent des scénarios qui explorent sa personnalité avec brio.

Intérêts narratifs (en l’occurrence Soleil Vert)

On m’a conseillé de regarder Soleil Vert. C’était un bon conseil, que je vous transmets, si vous supportez les films des années 70 et leurs plans de 3 minutes chacun.

Je me suis entre autre intéressé à la gestion de la découverte, la révélation à la fin du film. Moi-même je me suis déjà retrouvé à écrire des narrations ou vient le moment de révéler un énorme secret, et j’ai réalisé que ce n’était pas si facile. Car tout déballer d’un coup n’a pas beaucoup d’impact, où du moins pas l’impact que l’on attend d’un secret gardé depuis 300 pages ou 1h30 de film.

La première carte à jouer, à mon avis, est la préparation. Il faut donner envie au narré de connaître la vérité, mettre le secret en valeur.

Mais Soleil Vert joue une tout autre carte. Il ne prononce pas le secret. Vers les trois-quart du film, les protagonistes apprennent successivement la vérité, mais même le protagoniste principal ne la prononce pas ! Leurs voix sont toujours inaudibles lorsqu’ils en parlent.

Si cela était juste fait pour faire durer le suspens, cela serait moyen, un peu articificiel. Mais dans Soleil Vert, le choix a été tout autre. Dans le dernier quart du film, le protagoniste va voir le secret de ses propres yeux. Nous ne l’entendons donc pas, nous le voyons. Et réalisons que c’est ça, le grand secret dont tous parlaient. Le spectateur a ainsi le plaisir de comprendre par lui-même, mais sans être abondonné comme dans un film où l’on ne comprend rien.

Je trouve cela brilliant.  À réutiliser !

Le film peut alors se conclure sur un cri, une formulation à haute voix la déchirante vérité.

Séance 20 : le cadre pour ambiance

 

Bonne nouvelle

Les murs étaient peints d’un bleu vif, surréaliste, celui-là même dont les graphistes affublent le ciel dans les publicités pour les vacances à la mer. Dans les coins, des nuages gris ternes tendaient à apparaissaient à mesure que le temps faisait son œuvre, mais des couches de peinture récentes gardaient vaillamment le panorama presque immaculé, et le conserverait sans doute ainsi indéfiniment.  Des tableaux photographiques étaient accrochés un peu partout, fenêtre ouvertes sur le monde qui agrandissaient autant l’espace que ne le faisait les grandes baies vitrées.  Il y avait ainsi en ces lieux en plus de la petite arrière-cour aménagée pour prendre des apéritifs, un champ de blé dorant sous un soleil de midi, une gare allemande recouverte de graffitis montrant des femmes, des cœurs, ou encore le visage en aplats noir et blanc d’un adolescent dévasté, sans doute en train de découvrir les plaisirs de la vie et de la maturité.

La forme en U de la pièce semblait fantaisiste, comme une plaisanterie de l’architecte. Derrière le petit bar, dans le bras droit de la salle, des alcools avait été soigneusement alignés et attendait les soirs de fête, quand il faudrait servir à la volée des dizaines de convives.

Je vais te tuer

Le rugissement des voitures sur la chaussée était terriblement lointain, supplanté même par les impacts des gouttes d’eau dans l’évier. La salle était encombrée d’un labyrinthe de chaises, de tables et de plantes, et les tableaux aux murs semblaient prêts à se décrocher, à tomber et à assommer les imprudents. La saturation de l’espace rapprochait les murs et le plafond, pour former en une petite boite de conserve dont le couvercle s’était refermé sur Eliot. Les parois peintes trop lisses n’offraient aucune prise, la lumière trop crue n’avait aucun attrait, elle ne cachait rien de la moquette délavée et sans intérêt, une vielle moquette industrielle, sans doute rugueuse, entre les fibres, emplies de poussière.  Les vitres incassables ne montrent qu’un extérieur inaccessible, glacial.

Bonne nouvelle, monologue intérieur

Raccrocher. Mais garder le téléphone en main. Ne pas faire l’erreur de le poser, ne pas tout gâcher. Le soleil brille, j’ai du temps devant moi, je suis assis, au chaud. Tout est bien, tout a toujours été parfait, tout n’a été qu’entrainement pour faire de moi quelqu’un prêt à saisir ce bonheur à pleine main, tout est justifié.

Cela valait la peine de faire des efforts, de se relever après les coups. Même quand cela avait l’air de ne plus avoir de sens, en fin de compte, cela en avait, c’est évident à présent. Tu souris béatement Eliot. Bah, on s’en fiche, c’est bon de sourire, de se laisser aller. Tout se passerait bien maintenant. Il y a beaucoup de travail bien sûr, mais chaque tache sera une note de musique et leur symphonie coulera d’elle-même, fracassante et grandiose.  On sera heureux, ensembles, chez nous. Un nid douillet ! Au fond j’ai toujours pensé que c’était ce dont j’avais besoin. Si j’ai voyagé, c’était juste pour mieux apprécier de m’installer. On pourra peindre la chambre du petit en bleu, un beau bleu azur qui libère l’esprit. Chaque pièce aura sa couleur : de la joie rose pour la chambre, de la gourmandise orange pour la cuisine et de la concentration blanche pour le bureau. Peut-être même un motif géométrique, avec de grandes lignes pour se projeter en avant, avoir des fulgurances. Quelle efficacité j’aurais la journée au travail, en sachant qu’une maisonnée pareille m’attend !